Les vélos Héra.
Au moment de la disparition de son fondateur en 1939, la maison Ratier est devenue une entreprise importante, mondialement connue, solidement installée à la pointe du progrès en matière d'hélices. L'ère nouvelle ouverte par la disparition de Paulin Ratier correspond à des circonstances particulièrement sombres, celles de la guerre. Dans ce contexte, une direction bicéphale est instituée à Figeac, formée par Pierre Ratier et Adrien Gardanez, fondé de pouvoirs de René Ratier.
L'entrée dans Paris des troupes allemandes accélère le déplacement du personnel prévu dans le cadre de la décentralisation de Montrouge vers Figeac.
La direction générale n'en reste pas moins à Montrouge.
Les marchés aéronautiques passés au titre de la Défense Nationale, sont profondément remaniés, et pour assurer une certaine pérennité de l'entreprise de nouvelles productions sont envisagées. C'est ainsi qu'est décidée la production de bicyclettes.
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C'est Figeac qui bénéficie de la fabrication de ces vélos qui portent la marque HERA (pour Hélices Ratier), ce qui n'évite pas le licenciement d'une centaine d'ouvriers notamment des jeunes. Un certain nombre de ces jeunes retrouvent un emploi sur place, chez Jean-Gabriel Larroque, fabricant de gazogènes.
Les archives en notre possession ne nous permettent pas de préciser exactement ni la date de mise en production, que nous estimons être 1941, voire début 42, ni les quantités qui seront fabriquées.
Bien sûr, on peut s'étonner qu'une entreprise aéronautique se lance dans une telle activité. Outre le fait que nécessité fait loi, elle répond aussi à une demande pressante : il n'y a pratiquement plus de voitures et, la marche mise à part, le vélo constitue le seul moyen de transport.
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La marque HERA a été déposée au greffe du tribunal de la Seine en décembre 1940.
Nous connaissons l'existence de modèles "homme", "femme" et "enfant" dont les accessoires (sacoches, selle, dynamo, plaque, etc.) ont dû varier au gré des approvisionnements.
Deux exemplaires de vélos Héra retrouvés dans un grenier ont été donnés à l'Association des Amis de Paulin Ratier. René Galtié les a faits restaurer en 1997 et ils font maintenant partie du patrimoine de l'association.
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Texte : © Pierre-Michel Decombeix et Yves Sounillac
Origine des images (de haut en bas) :
1 : archives Ratier,
2 : collection particulière,
3 : JP Trébosc.
Version de la page : 08/02/2011.