| La Citroënnette. |
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En 1924, cherchant toujours à se diversifier, Ratier conçoit une reproduction à l'échelle 1/3 de la plus populaire des voitures de l'époque, la 5 CV Citroën. L'opération est plus sérieuse et plus ambitieuse qu'il n'y paraît à première vue. Il s'agit d'une voiture à pédales, la Citroënnette, dont le brevet n°581638 est déposé le 14 mai 1924 et la marque le 14 août de la même année. Le brevet concerne plus particulièrement un original système de propulsion : Le va et vient d'une sorte de palonnier, dans lequel sont engagés les pieds de l'enfant, entraîne sous le plancher une bielle dont l'amplitude de mouvement est réglable et qui met en rotation un premier pignon. Par l'intermédiaire d'une chaîne, celui-ci entraîne un second pignon fixé sur l'essieu arrière. Selon que l'enfant commence à appuyer avec un pied ou avec l'autre, la voiture démarre en marche avant ou en marche arrière : le principe est le même que celui des machines à coudre à pédale. Actionnée par un levier installé à la droite du conducteur, une courroie venant frotter sur le pignon de l'essieu fait office de frein. C'est donc un petit engin très élaboré qui présente un aspect sportif réel en même temps qu'il fait rêver les futurs "citroënnistes", d'autant plus que sont fournis divers accessoires et outils, comme sur une vraie voiture. Des phares électriques, alimentés par une pile, contribuent au réalisme de l'engin. |
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Conçue avec tout le sérieux qui caractérise la maison Ratier, la Citroënnette repose sur une étude très attentive. Le jouet, baptisé tout simplement 5 HP, est présenté à André Citroën. Il s'en suit un contrat qui prévoit à l'origine la fourniture de 3 000 exemplaires à 400 F pièce, livrables chez Citroën, dont le réseau commercial assurera la distribution auprès de ses concessionnaires et de quelques grands magasins. André Citroën présente lui-même la Citroënnette le 19 juin 1924 lors d'un banquet qui réunit ses concessionnaires dans les salons du Palais d'Orsay. En fin de compte, les archives font apparaître une production de plus de 3 400 exemplaires, partagée entre Montrouge et Figeac. Ces fabrications s'échelonnent de 1925 à début 1927 dans une gamme de prix allant de 375 à 600 francs. |
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Il s'agit d'un jouet, certes, mais d'un jouet haut de gamme, proposé en plusieurs finitions. Larges de 0,65 m et hautes de 0,75 m, les voitures sont, selon les versions, longues de 1,5 m ou de 1,8 m et sont équipées de pneumatiques gonflables. Elles sont livrées avec une pompe, une trousse de réparation et une notice d'entretien. Le plus sérieusement du monde, la notice indique que les jambes du conducteur constituent la source d'énergie du véhicule. Dans un livre pour enfants éditée par Citroën, Frisemouche fait de l'auto, la Citroënnette est au centre d'une aventure illustrée par Jean Bruller. Difficile d'imaginer que cet ancien ingénieur de l'école Breguet deviendra un auteur à succès sous le pseudonyme Vercors, immortalisant la Résistance dans un ouvrage symbole, Le Silence de la mer, imprimé clandestinement en 1942. Devenue objet de collection, la Citroënnette est très recherchée. Un exemplaire livré le 20 août 1925, et portant le numéro 1286, a été acquis le 24 mai 1997 par l'association des amis du musée Paulin Ratier lors d'enchères publiques à Nîmes. |
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Texte : © Pierre-Michel Decombeix et Yves Sounillac |
